Histoire de la prostitution 2 by Histoire

Histoire de la prostitution 2 by Histoire

Auteur:Histoire [Histoire]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Prostitution
Publié: 2013-09-12T22:00:00+00:00


Acron et Porphyrion, qui ont recueilli de précieux détails sur tous les personnages nommés dans les poésies d’Horace, ne nous font pas connaître le véritable nom de cette Lycé, que le poëte aima entre toutes ses maîtresses; ils nous apprennent seulement qu’elle était d’origine tyrrhénienne, c’est-à-dire qu’elle avait pris naissance dans l’Étrurie, où la population entière, si l’on s’en rapporte au témoignage de l’historien Théopompe, s’adonnait avec fureur à la débauche la plus effrénée. Plaute fait entendre que les mœurs de ce pays n’avaient pas beaucoup changé de son temps, lorsqu’il met ces paroles dans la bouche d’un personnage de sa Cistellaria: «Vous ne serez point contrainte d’amasser une dot, comme les femmes de Toscane, en trafiquant indignement de vos attraits.» Lycé suivait donc les principes de sa patrie, quand elle se vendait au plus offrant et que ses richesses, honteusement acquises, lui permettaient de s’entourer des dehors d’une femme honnête, de simuler un mariage et d’augmenter par là le prix de ses complaisances. Horace y fut trompé comme tout le monde; il crut avoir affaire à une vertu, et, malgré ses répugnances à l’égard de l’adultère, il se relâcha de ce rigorisme jusqu’à venir la nuit suspendre des couronnes à la porte de l’astucieuse courtisane, qui ferma d’abord les yeux et les oreilles. Il s’enhardit par degrés et alla heurter à cette porte inexorable, qui s’ouvrait pour d’autres que pour lui et que les présents seuls avaient le privilége de rendre accessible. Ce fut par une ode qu’il se fit recommander à la sévérité feinte de la belle Étrurienne, qui n’était pas en puissance de mari, mais qui avait auprès d’elle un lénon affidé. Cette ode, composée dans un genre que les Grecs nommaient paraclausithyron, était un chant qu’on exécutait en musique devant la porte close d’une cruelle: «Quand tu vivrais sous les lois d’un époux barbare, aux sources lointaines du Tanaïs, dit le poëte amoureux, Lycé, tu gémirais de me voir, en butte aux aquilons, étendu devant ta porte! Écoute comme cette porte est battue par les vents, comme les arbres de tes jardins gémissent et font gémir les toits de ta maison! Vois comme la neige qui couvre la terre se durcit sous un ciel pur et glacial! Abaisse ta fierté hostile à Vénus!... Tu ne verras pas toujours un amant exposé, sur le seuil de ta demeure, aux intempéries des saisons.»

Horace ignorait certainement que Lycé fût une courtisane, quand il lui montrait, pour la fléchir, son mari dans les bras d’une concubine thessalienne nommée Piéria; quand il lui disait que son père, originaire de Tyrrhène, n’avait pu engendrer une Pénélope rebelle à l’amour; quand il avait recours à la prière et aux larmes pour suppléer à l’inutilité de ses dons. Mais bientôt on n’eut plus rien à lui refuser, dès qu’il accorda ce qu’on lui demandait; il était généreux; il fut aussi heureux qu’on pouvait le faire, et il resta quelque temps l’amant en titre de Lycé, qui ne le congédia que pour donner sa place à un plus jeune et à un plus riche.



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